Voyage en Roumanie
par Cécile Caulier

C’est avec beaucoup de curiosité que je suis partie faire une randonnée équestre en Roumanie. De ce pays, nous ne savions rien si ce n’est les horreurs d’un régime autoritaire mis en exergue par une presse avide de sensations. Par contre, les espaces montagneux non souillés par les hommes m’attiraient. La légende de Dracula m’avait donné envie de parcourir ces étendues sauvages.

Il est parfois difficile de réaliser un rêve car celui-ci, en devenant réalité, peut sembler fade. Mais la Roumanie ne m’a pas déçue : ni ses habitants, riches de leur joie de vivre, ni les montagnes, Carpates sauvages, ni ses chevaux, Lippizans généreux.

Nous avons été accueillis au sein du Haras National de Beclean, fier de plus de 350 chevaux répartis sur plus de 100 hectares. Chacun de nous, en fonction de son niveau équestre, choisit un cheval et nous fîmes une première balade. Comment mieux visiter un pays que du haut de son cheval ? Chaque village sera différent, chaque chemin dévoilera ses surprises, chaque col sera franchi avec plaisir. Seul le pas de nos chevaux sera assez discret pour nous faire observer un grand Tetra, oiseau rarissime puisqu’il n’en reste plus que 300 en Europe.

Nous avons randonné sur un circuit de huit jours, accueillis chaque soir dans un relais de chasse chez l’habitant. Notre intendance nous avait précédés à chaque étape et c’est ainsi que nous avons trouvé pour chaque halte une maison chauffée et un bon repas chaud.

Les relais de chasse, dont certains étaient assez confortables pour accompagner chaque chambre d’une salle de bain avec baignoire, nous permettaient de laisser nos chevaux en liberté. En effet, chaque maison était entourée d’un grillage pour éviter la visite toujours possible d’un ours car il reste 3.000 ours en liberté dans les Carpates et nous avons pu voir de nombreuses traces de leur passage : empreintes dans les chemins boueux, arbres lacérés par leurs griffes. Certains d’entre nous purent apercevoir à la nuit tombante des ours venus se nourrir dans les mangeoires apprêtées à leur intention. Les soirées que nous avons passées au milieu des bois étaient à la fois calmes et étoilées, pleines de la sauvagerie des ours - fantômes dont les gardes-chasses nous avaient raconté les attaques. mais ces soirées étaient aussi chaudes et amicales, car nos hôtes d’un soir savaient nous charmer et devenir bien vite nos amis. Je me souviens d’une soirée mémorable, pleine de chants, de rires et de "Triska", alcool de prune fruité ou de vin muscat...

Lors de cette randonnée, nous avons mangé au bord d’un lac immense et vierge, dormi dans un arboretum, visité l’hôtel de Dracula, un chalet de chasse de Ceaucescu, passé des cols de montagne, visité un vivier à truites, de splendides églises, etc. Mais nous avons surtout ri, chanté, vécu au rythme des chevaux, avec eux en toutes circonstances. Ils nous ont permis de découvrir une vie rude mais haute en couleurs. L’espace, le vent, le froid, les couleurs rousses de ce début d’automne, un glacier au loin, les chevaux au galop, le rire de nos amis roumains, la viande grasse et savoureuse grillée sur le feu qui nous réchauffe, la solitude de ces immenses vallées quasi vierges... impossible d’écrire tout cela. Il faut le vivre.

La Roumanie est un pays à visiter à cheval car celui-ci est présent partout. Vivre à cheval nous a permis maints contacts avec les habitants. Nous étions leurs premiers touristes (et aussi les premières femmes à cheval !) et nous sommes devenus leurs amis.

Les Lippizans que nous avons montés sont des chevaux calmes et braves. Ils sont endurants car le dernier jour, ils ont parcouru plus de 80 km à l’allure d’une endurance sans montrer le moindre signe de fatigue.

Nous avions également avec nous un demi-trait roumain qui s’est chargé de remplir de bons souvenirs la première randonnée d’un cavalier fort de 4 leçons de manège !

C’est avec beaucoup de regrets que nous sommes partis après une nuit autour d’un feu où nous avons chanté, dansé au son d’un orchestre tzigane que le directeur du haras avait fait venir comme cadeau d’adieu.

Cadeau d’adieu ou d’au revoir ?
Car je rêve de repartir cet été revoir ceux que je ne sais pas nommer autrement que des amis.

Office National Roumain de Tourisme
 



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