Encore dernièrement, une amazone fraîchement convertie me téléphonait afin de connaître mon avis au sujet d’une selle d’amazone qu’elle désirait acheter.
De temps à autre apparaissent sur le marché des selles anciennes.
Le grand avantage de ces selles est qu’elle ont été construite par des selliers qui connaissaient bien leur sujet.

Schéma et noms des parties de la selle - Selle vue de droite

De nombreuses selles récentes de dame ne sont que des copies sans âme.
Souvent, la pauvre cavalière, forte de son achat à bon prix d’une de ces selles, se trouve vite dégoûtée de la monte en amazone.
Une mauvaise conception de la selle peut blesser le cheval au dos et au garrot.
Quant à la cavalière, juchée sur une selle très haute, elle glisse sur un siège en cuir lisse sans pouvoir se tenir aux fourches mal positionnées.

Comme nous avons pu le constater lors des stages d’amazone, il existe encore dans notre pays, dans les greniers ou chez nos grand-mères, bon nombre de selles de dame.
Même si au premier abord, leur état semble rédhibitoire, il est bon de les regarder de plus près. Souvent, les matelassures qui étaient autrefois fabriquées avec du gros drap de lin, de coton ou de laine, sont mangées par les mites.
Ce n’est pas très grave.
Un bon sellier peut vous arranger cela facilement.
Attention, toutefois, vérifiez bien que l’homme de l’art sache réellement refabriquer la matelassure d’une selle d’amazone. Combien de fois ai-je vu des selles refaites à la façon des selles anglaises !
Votre dos et celui de votre cheval vous feront sentir ce qui ne va pas.

Si la selle n’a besoins que d’un rembourrage, n’oubliez pas que du côté gauche, la matelassure doit être plus forte afin de conserver le siège horizontal.
Vérifiez aussi que le garrot et toute la colonne vertébrale de votre cheval ne subissent aucune pression.
Comme avec une selle anglaise, lorsque vous êtes à cheval sans tapis de selle, vous devez voir le jour d’un côté comme de l’autre du goulet.

Si vous pliez le cuir des quartiers ou des sangles et qu’il est raide et laisse voir des rides, c’est qu’il est sec.
Vous pouvez essayer de le récupérer avec de l’huile pour cuirs.
Il faut oindre la selle jusqu’à ce que le cuir rejette l’huile.
Dans les cas désespérés, du beurre frais sans sel que l’on fait fondre donne de très bons résultats.
Lorsqu’on vous présente une selle que l’on a tenue au chaud dans un salon et qui a été cirée comme un meuble, il faut se méfier car le cuir sera sûrement mort.
Par contre un cuir moisi, bien que peu engageant, lui, est bien en vie et vite récupérable.

La selle comme nous l’avons dit plus haut doit convenir au dos du cheval mais aussi à la cavalière.
Comme avec une selle traditionnelle, le bassin de la dame ne doit pas déborder, ce qui est rare avec les selles anciennes.
En effet, il semblerait que nos grand-mères étaient plus charnues que nous.
Les mesures déterminantes sont la distance et la hauteur d’une fourche par rapport à l’autre.
Afin d’avoir une position correcte, la cuisse gauche de la dame doit être contre la fourche gauche.
Alors que le genou droit doit être plié à la distance du travers de deux doigts de la fourche gauche, tout en conservant les hanches symétriques, parallèles aux épaules du cheval.
Les selles anciennes étaient souvent faites sur mesure et il n’est pas toujours facile de trouver la selle qui conviendra à vous et à votre cheval.

L’Angleterre, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Argentine et le Pakistan fabriquent encore des selles neuves de qualités diverses. Munie de ces quelques conseils, vous devriez vous y retrouver plus facilement lors de l’achat de votre selle.
Mais souvenez-vous que même si vous découvrez que votre selle ne convient pas, il y a sûrement une amazone pour qui cette selle conviendra.
N’hésitez pas à contacter les Amazones de Belgique pour des conseils d’achat ou si vous vendez une selle de dame, car nous connaissons plus d’une dame qui rêve d’avoir sa propre selle.
Même si vous trouvez une selle ancienne qui ne peut plus convenir à l’équitation, tâchez de la préserver comme témoignage du savoir-faire artisanal d’un temps passé.

Paru dans HippoNews, Mars 1997, p. 16.