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 Le dessous des jupes
Par Denis Soyer, B.H.S. Reg’d

Cette rubrique a pour objet de démystifier la monte en amazone. L’envie de monter dans le fourches vous viendra peut-être en comprenant comment cette équitation est née et comment elle fonctionne. Avant toute chose, voyons l’historique de cette monte élégante.

L’histoire de la libération de la femme par les fourches

Le nom mythique d’amazone vient du grec ancien. Traduit littéralement, il signifie " sans sein ". Hippocrate, Aristote et d’autres auteurs classiques s’accordent à parler de cette peuplade de femmes guerrières d’Afrique du Nord, qui se brûlaient un sein afin de mieux tier à l’arc. Une société où la femme avait la place de l’homme, cela choqua toutes les sociétés masculines à travers les âges. C’est donc par dérision que nos arrières-grand-mères furent appelées des " amazones " par la bonne société.

A travers les âges, la croyance était que l’équitation à califourchon nuisait à la fonction procréatrice des femmes. Il est certain qu’à l’époque les tests de grossesse n’existaient pas. Par ailleurs, suivre une chasse à courre pendant six heures, n’est toujours pas recommandé à une femme enceinte. Bien que je connaisse, dans mon entourage, des dames qui, bien avancées dans leur grossesse, allaient encore promener au pas, et ont donnée le jour à de futurs cavaliers en excellente santé.

Dans l’antiquité, les selles existaient sous une forme primaire, tous allaient à califourchon. Peu de certitudes existent quant la pratique de l’équitation par la gent féminine. Au fur et à mesure de la sédentarisation des peuples d’Europe, les femmes cessèrent de suivre leur époux au gré des combats et des chasses en tant que participantes plus ou moins actives.

Au Moyen-Age, l’habillement des femmes ainsi que la perte progressive de leur liberté de déplacement, amenèrent une moindre pratique du cheval. Les femmes ne se déplaçaient plus qu’en sambue. Ce fauteuil posé sur le dos du cheval oblige la dame à être menée par un domestique. Pratique pour savoir ce que fait Madame ! Les intrépides, elles, chassent encore à califourchon.

Le cheval de dame s’appelle " Haquenée ". Dans les pays où la classification des chevaux se fait sur un modèle et non sur la race comme au Moyen-Age, la haquenée est un cheval un peu lourd qui se déplace à l’amble (*). Cette allure est plus confortable lorsqu’on est assis parallèlement à la colonne vertébrale du cheval. De tout temps, le cheval de Dame fut choisi et dressé par un écuyer afin qu’il ne mette jamais sa cavalière en danger.

Au fil des siècles, la sambue se modifie pour permettre aux dames de prendre les rênes en mains. La position de la cavalière va progressivement se redresser vers l’avant pour donner, dès le XVème siècle une assise semblable à celle que connaissent nos amazone aujourd’hui. La selle va aussi se modifier et divers systèmes de tenue à cheval vont se développer. D’abord, la sambue va évoluer vers un haut pommeau et une bosse au creux du siège de la selle, autour duquel la dame va s’asseoir. Puis des cornes vont apparaître. Deux pour tenir la jambe droite au dessus de la colonne vertébrale du cheval, et ensuite une corne supplémentaire maintiendra la cuisse gauche à sa place. Les cornes vont se styliser et donneront les fourches que nous connaissons aujourd'hui.

Il faudra attendre le XIXème siècle pour que la femme puisse à nouveau chevaucher à l’égal de l’homme. Toutefois, les épreuves de concours hippique étaient encore séparées. Ce n’est que dans les années d’après-guerre que les femmes vont cesser de monter en amazone. La perte des écuyers encore capables d’enseigner cette monte raffinée et la création d’un monde de plus en plus unisexe font disparaître progressivement ce patrimoine de notre culture. Mesdames, démarquez-vous ! Enfin, une équitation qui vous est propre. En toute féminité, toutes les disciplines vous sont offertes. C’est ce que nous verrons dans un prochain article.

(*) Amble : allure pour laquelle le cheval déplace simultanément les deux pieds du même côté. Il existe un amble de pas, qui conserve 4 temps, et un amble de trot à deux temps. Cette allure est naturelle chez la girafe et le chameau, apprise chez le cheval. Elle est particulièrement confortable, à fortiori lorsque de trot enlevé est rendu impossible.

Paru dans HippoNews - Juillet-Août 1996, p. 27
 

 

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