Le syndrome naviculaire
 
 
Entretien avec Didier Serteyn, Professeur de chirurgie des grands animaux
à la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Liège.
Propos recueillis par Théo Koolen

Le syndrome naviculaire est une des causes les plus fréquentes de boiterie chez les chevaux de demi-sang. La maladie atteint les individus entre 4 et 15 ans, parfois plus jeunes. Toutes les races de chevaux sont touchées, même les Quarter-horses et les poneys. (On pensait qu’ils échappaient à cette affection).

Pourquoi faut-il parler du syndrome naviculaire plutôt que de la maladie naviculaire ?
Parce qu’au stade actuel de la recherche, on distingue trois types d’affections naviculaires. Au point de vue diagnostic, il s’agit de boiteries chroniques bilatérales apparaissant progressivement et répondant au test de l’anesthésie du nerf digité (on endort le nerf et le cheval ne boite plus :
a) la forme articulaire : comme son nom l’indique, elle concerne la partie articulaire de l’os naviculaire. Ce type concerne quasi 70 % des boiteries de type "naviculaire". (voir croquis ci-dessous)
b) La forme tendineuse : elle concerne la partie de l’os en contact avec le tendon perforant.
c) la forme ligamentaire : nous observons une production osseuse sur le site d’insertion des ligaments qui soutiennent l’os naviculaire.
 
Le diagnostic repose sur :
- des examens et tests cliniques ;
- des anesthésiés loco-régionales ;
- une radiographie du pied.

Que peut-on faire en présence d’un cheval dit "naviculaire" ?
Quelle que soit la forme de la maladie, une ferrure rétablissant l’équilibre bio-mécanique sera indiquée.
Elle sera surtout efficace pour la forme articulaire qui représente heureusement la majorité des cas d’affections naviculaires.

On distingue trois types de ferrures orthopédiques :
a) l’Equi+, développé à la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Liège. Le fer Equi+ est indiqué dans toutes les formes articulaires de la maladie (voir photo en haut à droite) ;
b) le fer en oeuf ;
c) le fer à traverse ou dit d’Alasonnière transformé.
 
Quand une rupture de l’axe "paturon-pied" (absence de talon) se présente, des talons relevés améliorent l’équilibre, et dans tous les cas on ne saurait trop conseiller le relèvement en bateau du fer, favorisant ainsi la bascule antérieure du pied, ce qui allège le travail du tendon perforant sur l’os naviculaire.
 
On peut recommander
les anti-inflammatoires non stéroïdiens :
• ils diminuent la douleur et combattent l’inflammation ;
• ils ralentissent l’évolution de la maladie ;
• il permettent la poursuite d’un travail léger.
les vasodilatateurs périphériques dont le principe actif, l’isoxupprine favorise la circulation sanguine dans la région des lésions.
Dans les formes articulaires, on peut administrer différents médicaments indiqués en cas d’arthrose, comme par exemple les extraits de synovie ou de cartilage.
 
Ces médicaments soulagent mais ne guérissent pas ! Une fois l’os remanié, il le reste.
Le but est d’arrêter la dégénérescence de l’os naviculaire et de soulager la douleur.
Un cheval stabilisé dans l’évolution de la maladie peut le rester pendant des années.
 
Peut-on éviter la maladie naviculaire ?
Tout dépend du "management" du cheval, et cela depuis son plus jeune âge jusqu’au moment où il travaille.
La recette sacrée : un travail régulier et modéré !
Mais aussi :
• Veiller à l’équilibre des rations alimentaires en calcium et phosphore.
• Vérifier les aplombs et le parage : si des anomalies d’allures ou d’aplombs sont constatées, il faut s’interroger sur la façon optimale de parer le pied. Une légère modification du parage entraîne des contraintes importantes au niveau des articulations.
• Sauf les pieds cassants, on ferrera les jeunes chevaux le plus tard possible. Pourquoi ? Vu sa constitution morphologique, le cheval est conçu pour marcher en ligne droite. Sur un terrain inégal ou quand il trourne, les articulations permettent une déformation de quelques degrés (max. 5°). L’adaptation aux inégalités et aux mouvements se fait grâce à la déformation de la boîte cornée (le pied, dans sa partie, arrière, est fendu et souple). Le ferrage bloque 80 % de la possibilité d’adaptation au terrain. Un mauvais parage peut encore réduire cette possibilité de rotation.
• Le style de travail : Eviter tout trauma violent et répété sur un cheval non échauffé, faire sauter de manière modérée.
Seul un cheval entraîné, un sportif, peut fournir un effort. Si un cheval est fatigué, les structures ligamentaires tendineuses et ostéo-articulaires sont particulièrement sollicitées. La condition physique du cheval est essentielle ; seul un entraînement régulier permet un travail de longue haleine sans fatigue !

extrait du n° 267 de la revue HippoNews

 
 Maladies du Cheval - HippoNewsEqui-Info-Développement

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