Faculté
de Médecine Vétérinaire Belgique
La Myopathie atypique
des équidés
Qu'est-ce
que la Myopathie atypique (MA) ?
La
myopathie atypique (MA), encore appelée myoglobinurie atypique
des chevaux au pré, est une maladie généralement
fatale se caractérisant par une dégénérescence
sévère de différents groupes musculaires, dont
les muscles intervenant dans la respiration, la posture, ou encore
le muscle cardiaque. La MA frappe les équidés de toute
espèce (chevaux de trait, de selle, poneys et ânes) séjournant
en pâture la majeure partie de la journée au printemps
et en automne. La MA n'est pas une maladie contagieuse
mais plusieurs chevaux pâturant sur la même prairie peuvent
être touchés. La MA est reconnue depuis 1984 mais, jusqu'à
l'automne 2000, la Belgique avait peu rencontré ce syndrome.
Quels
sont les facteurs de risque ?
La
MA concerne les chevaux pâturant dans des conditions environnementales
particulières (prairie souvent en pente, arbres, etc.). Il
semble que les conditions climatiques (humidité importante,
vent, coup de froid, etc.) jouent un rôle essentiel dans le
déclenchement des symptômes. Contrairement à la
myopathie induite par l'exercice, l'effort physique n'est pas responsable
de la symptomatologie.
Les
poulains et les jeunes chevaux apparaissent particulièrement
sensibles.
Quelles
sont les régions touchées ?
En
Belgique, la majorité des cas de MA s'est déclarée
en dessous du sillon Sambre-Meuse. En automne 2002, la MA a été
confirmée chez 22 équidés (1 seul a survécu)
et présumée chez 27 d'entre eux.
D'autres
pays tels que la Suisse, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et depuis
peu, la France sont également confrontés à ce
syndrome.
Quand
penser à une atteinte de MA ?
La
MA sera présumée lorsque, chez un cheval séjournant
la majeure partie du temps en prairie et n'ayant pas
fourni d'exercice physique préalable, vous observez
les symptômes suivants :
- faiblesse, raideur,
difficulté ou refus de se déplacer
- le cheval est trouvé
couché au pré et présente des difficultés
ou une incapacité à se lever
- tremblements musculaires
- sudation localisée
ou généralisée
- l'urine apparaît
anormalement foncée
- le cheval semble
respirer avec difficulté
- la température
rectale est anormalement basse (< 37°C)
Que
faire lorsque une atteinte de MA est probable ?
Lorsque
les symptômes décrits au paragraphe précédent
sont observés en tout ou en partie, appelez de toute
urgence votre vétérinaire traitant qui pourra
identifier les symptômes spécifiques de la MA (tachycardie
et éventuellement, souffle(s) cardiaque(s), polypnée
et/ou dyspnée, diathèse hémorragique, myoglobinurie,
hypothermie, dysphagie avec éventuellement obstruction œsophagienne,
distension de la vessie objectivée par
fouiller rectal, etc. ; NB : tous les
symptômes cités ne sont pas toujours présents).
Que
faire en attendant votre vétérinaire ?
En
attendant l'arrivée de votre vétérinaire, couvrez
votre cheval si le temps est froid et essayez d'améliorer son
confort ; prenez les mesures nécessaires pour le transporter
en vue d'une hospitalisation éventuelle ; récoltez
les urines et les matières fécales émises dans
des récipients propres (l'analyse d'urine contribuera au diagnostic)
et rentrez les autres chevaux en écurie lorsque cela
est possible. Dans la négative, changez-les de pâture.
Les sujets ayant pâturé dans une prairie où un
cas de MA a été confirmé doivent être surveillés
de façon intensive pendant, au minimum, 48 heures.
Comment
soigner la MA ?
La
cause de la maladie n'étant pas encore connue, seuls des médicaments
visant à limiter la douleur et les lésions associées
à la destruction des muscles peuvent être conseillés.
Comment
être sûr que votre cheval souffre de MA ?
Le
diagnostic définitif repose nécessairement sur l'autopsie
(plus de 80% des chevaux souffrant de MA décèdent dans
les 48 heures) grâce à l'identification de lésions
histologiques typiques. Cette autopsie est primordiale
car elle vous permettra de déterminer si votre prairie
est à risque et donc, si la MA menace de se répéter
sur cette prairie.
Quelles
sont les mesures préventives ?
La
meilleure mesure préventive consiste à garder les chevaux
en écurie durant les périodes à risque (principalement,
de mi-octobre à fin novembre et de mi-mars à mi-mai).
L'apport d'un complément alimentaire
et la présence d'un abri n'auraient pas d'effet protecteur.
La MA ne présentant pas les caractéristiques
d'une maladie contagieuse, aucune mesure sanitaire ne doit être
envisagée.
Recherche
menée par L'Université de Liège
Depuis
le 1er mars 2003, une recherche subventionnée par
la Région Wallonne est menée à l'Université
de Liège. Celle-ci vise à établir la cause et
à valider un traitement de la MA. De plus, en centralisant
les données épidémiologiques et cliniques relatives
aux cas de MA se déclarant en Belgique, il sera possible de
mieux définir les facteurs de risques et les mesures préventives.
Une étroite collaboration avec les propriétaires de
chevaux et leur vétérinaire traitant est indispensable
pour atteindre les objectifs de cette recherche. Votre vétérinaire
peut à tout moment nous joindre pour obtenir les dernières
données scientifiques relatives à la MA. Des analyses
de sang peuvent être entreprises par nos soins sur tous les
cas de MA à la demande des vétérinaires traitants.
Cette
recherche est financée par le Ministre Wallon de l'Agriculture
et de la Ruralité
(A
conserver soigneusement)
Dr D. Votion, Service de Bactériologie FMV, ULG Bât B42
(0.92b), B-4000 Liège dominique.votion@ulg.ac.be
tel
04/ 366.40.96 ou 0497/
57.01.01
fax
04/ 366.41.36
Voir aussi www.ulg.ac.be/fmv/myopathie.htm