Essai de typologie par Isabelle Dolphijn
Les chevaux qui parlent
Il y a bien sur quelques exemptions, principalement de deux sortes :
soit le cheval peut être un héros à part entière
:
"Horace Cheval de l'Ouest" qui souvent monte son cavalier…
Petit Tonnerre, compagnon du petit indien Yakari,
ou encore :
Marie ; jument blanche qui dans le monde de "terre de
la bombe" fait partie avec Joseph, un taureau lui aussi
intelligent et loquace et 3 humains ; une femme et deux hommes, d'un groupe
de cinq survivants errant dans un monde dévasté où tous
n'ont d'autre choix que d'être carnivores…
soit certaines actions ont besoin d'être expliquées pour être comprises et pour cela le scénariste se sert d'un compagnon qui suit le héros humain à travers toutes ses aventures.
Mais la parole prêtée ainsi à un animal est bien plus courante pour un chien ou autre petit compagnon par exemple Milou et Tintin ou Spip l'écureuil de Spirou, que pour un cheval, comme Jolly Jumper pour Lucky Luke.
dans "Godaille et Godasse", un hussard et sa monture sont les inséparables héros d'une épopée Napoléonienne qui ne se prétend pas historique,
dans "Caline et Calebasse", adaptation très libre des trois Mousquetaires, Caline, pansue jument jaune, dont le héros est encombré, assure à elle seule quasi tous les "gags" de l'histoire.
Dans les "Tuniques Bleues", le cheval du caporal Blutch joue à tomber et faire le mort quand sonne la charge…avec la bénédiction de son cavalier.
Buffalo Bill montait Lord ; Kid Carson, Tonnerre, Chic Bill, Confetti et Jerry Spring, Ruby.
Même s'ils sont très présents, comme dans la série médiévale de "Bois Maury" ou dans les paysages que traverse Simon du Fleuve dans un monde post nucléaire mais où la nature a repris ses droits et où les hommes redécouvrent les rythmes complémentaires des tribus de cavaliers Nomades et du paysan qui suit son cheval au champ.
Heureusement, dans d'autres, au contraire, le scénariste insiste sur le lien étroit de collaboration et de dépendance entre l'homme et sa monture.
Dans la série Jérémiah, Ezra, la mule de Kurdy, est à la base de la rencontre des deux héros qui risqueront ensuite leurs vies plusieurs fois, non à cause d'elle, mais pour elle…
Dans Buddy Longway, série réaliste, le héros prend 10 ans en quelques albums, Fellow, son fidèle cheval bai fait de même et meurt de vieillesse…
Souvent comme Shamroch où il relate l'enfance de Lester Cockney en Irlande du siècle passé, les rapports entre humains et chevaux sont détaillés, avec mise en évidence des bons comportements envers les chevaux et sanction des mauvais ; le héros se fait souvent remarquer parce qu'il prend parti contre un cavalier qui manque de respect envers sa monture.
Dans Buddy Longway de DERIB, nous apprenons à respecter les chevaux à travers ce qu'ils ont de plus libre, dans l'exode du Démon Blanc.
LE RALLIC officier d'honneur dans un régiment de cavalerie serait un des plus grands dessinateurs de chevaux de la BD.
Le bibliothécaire du centre Belge de la Bande dessinée soutien que les bons dessinateurs se reconnaissent à leur art de dessiner les chevaux (et les femmes…), comme CUVELIER (Corentin).
La morphologie des équidés représentés est parfois fantaisiste, sans aucun rapport avec le contexte historique : des romains chevauchent des chevaux traits et les chevaliers aux lourdes armures de légers pur-sang.
Il en est de même pour les robes.
Dans la conquête de l'Ouest, dominent bien-sur pies et appalooses.
Citons le palomino de Red Dust de la série Comanche qu'une fantaisie d'impression (selon la rumeur) a fait naître corps blanc et crins rouge et qui l'est resté ensuite, pour le plausible de l'histoire.
Même en BD réalistes, les allures sont souvent non identifiables et l'on peut relever de nombreuses erreurs rapport à la représentation des articulations, même quand l'histoire se passe à Saumur.
Il faut remarquer les barrissements colériques de Caline, jument déjà citée plus haut.
Ce à quoi les cavaliers répondent ; "Hue", yayahhh" "hohoo" ou "Handa".
Le cheval dans les récits médiévaux fera l'objet d'une
étude séparée.
Bibliographie :
Bdscope n°21 de juin 82 - vieux n° de Tintin (Lombard)
- vieux n° de Spirou (Dupuis) - archives informatisées du Centre
Belge de la BD
Kogaratsu, Chevalier du Soleil Levant
Les samouraïs : la voie de l'arc et du chevalQui étaient les samouraïs ? Ils sont "hommes de cheval", ils appartiennent à cette élite militaire sans qui alors on ne peut gagner de bataille : la cavalerie. Pour tracer leur silhouette, faisons un parallèle avec notre chevalier européen. Dans les deux cas, il s'agit d'hommes de guerre appartenant à la classe nobiliaire. Ils tiennent leur fief d'un seigneur et s'inscrivent complètement dans un système féodal. Depuis leur plus jeune âge ils sont rompus au métier des armes. Leur imaginaire, qu'il soit fait de récits épiques ou de littérature courtoise leur propose un même modèle, visant à fortifier en eux l'idée qu'ils sont des surhommes. Ils ont la même mystique des armes. La religion a pour eux une grande importance, cette naïveté en faisant souvent les jouets, du temple ou de l'église. Nous caractérisons erronément le samouraï par le sabre et l'armure ; mais avant de suivre le bushido ou "voie du guerrier", les samouraïs suivirent la "voie de l'arc et du cheval" et c'est là ce qui nous intéresse.
On peut penser qu'à l'origine de ces deux classes nobiliaires il y a de simples guerriers possédant des chevaux et capables de les monter au combat, cette particularité en faisant des combattants d'élite. Dans ces périodes reculées, la valeur d'un homme se calculant en efficacité au combat, ils devinrent donc plus que des guerriers, tout en restant moins que des seigneurs terriens : la classe des samouraïs (ou des chevaliers) étaient née.
Inversement, on peut croire que c'est dans une classe déjà de petite noblesse que se développe ce rang : la possession d'un petit titre ou l'appartenance puînée à une famille noble donnant le droit de chevaucher en bataille, à l'égal des princes, rois et autres grands seigneurs. Le cheval donnant le titre ou le titre donnant le cheval, il s'est créé, au Japon comme en Europe, une classe intermédiaire entre le simple combattant et le grand seigneur possesseur de territoires.
Mais si, en Europe une cavalerie lourde, armurée, caparaçonnée était appuyée par une cavalerie légère, composée de roturiers, au Japon il n'y eut jamais, pendant la période médiévale, d'autre cavalerie que celle des samouraïs.Equipement : la mobilité avant tout
Le samouraï s'équipe pour se protéger, mais pas au détriment de la souplesse et de la rapidité. Composée de lames d'acier tenues entre elles par un complexe système de lacets, son armure englobe moins bien le corps qu'une armure de plates du quinzième siècle européen, mais offre une mobilité de loin supérieure.
Pour la protection du cheval, hélas pour lui, la mobilité est aussi le maître mot. Pas question de l'alourdir comme en Europe d'un caparaçon d'acier couvrant poitrail, tête, croupe et même parfois flans. Même le tissu est jugé trop lourd et donc handicapant. Il faut savoir aussi que ce matériel coûtait, proportionnellement, plus cher au Japon, qu'en Europe, car les métiers du cuir y étaient sujets à certains tabous.
La seule protection dont disposait la monture nippone était constituée d'un harnachement de pendants et de pompons, à base de coton ou de laine, le garantissant très vaguement des coups de tranchant. Il y existait bien des chanfreins de tête, mais fait de papier bouilli, ils ne protégeaient en rien. Ils étaient conçus à la semblance de têtes de dragons, cornus et grimaçants, avaient probablement fonction d'effrayer l'ennemi et étaient sans doute prisés pour raison esthétique.De nombreux textes d'époque attestent que les samouraïs adoraient leurs chevaux au point de leur rendre un véritable culte. Sans doute cet amour découlait-il aussi de la cruauté de ces temps : le samouraï devait consentir à de gros sacrifices économiques pour entretenir sa monture ; ladite monture n'avait que de pauvres espérances de survie en bataille. Mais cette relation était des plus émotionnelle : les chevaux étaient purifiés par des cérémonies religieuses et recevaient parfois pour dernière demeure un temple ou un mausolée…
La bande dessinée
De n'avoir su choisir entre la fidélité qu'il voue à son seigneur et l'amour qui le lie à la Princesse Ishi, Kogaratsu devient un ronin : samouraï sans maître. Son errance et son impécuniosité l'amènent à vivre de nombreuses aventures dans ce Japon du moyen-âge : rencontre d'un clan de femmes guerrières accomplissant une étrange vengeance ; affrontement de deux écoles de sabre mortellement rivales ; guide d'une "déesse vivante" à travers une montagne interdite… Ecrits par Bosse et dessinée par Michetz, ces récits ont parus pour la première fois en 1981 dans le journal SPIROU. Huit titres sont actuellement disponibles en librairie : Le pont de nulle part ; Le mont au Lotus de Sang ; Le Trésor des Etats ; Le printemps écartelé ; Le dos du Tigre ; Par delà les Cendres ; L'homme sur la vague et L'autre moitié du ciel. Michetz peaufine actuellement le 9ème album de la série : un "thriller" ou Kogaratsu même l'enquête sur les traces d'un tueur en série animé de terribles dessins, Bosse termine le scénario du 10ème : La Stratégie des phalène et nous avons pu savoir e titre du 11ème : "Rouge ultime" !