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The Horse Whisperer
Présentation - Critique
Présentation

Qui, de nos jours, n’a pas encore entendu parler du " Horse Whisperer "viendra sûrement d’une autre planète.

Le roman de Nicolas Vans est un best-seller et a été pendant des mois un de livres le mieux vendu. Un livre sur les chevaux qui n’a pas seulement su capter l’intérêt des cavaliers mais également celui du grand public.

On peut dire que ‘L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux " a beaucoup secoué le monde équestre. Les méthodes (dites) alternatives comme le " Natural Horsemanship ", " Danser avec les chevaux " - qui existent depuis plusieurs années - ont profité de cet engouement. Bien que Monthy Roberts soit le plus connu des "Horse Whisperer" en Europe, plusieurs autres ont également employé cette dénomination à des fins commerciales.

Les droits du film ont été vendus à Robert Redford pour trois millions de dollars. Il est lui-même dans son temps libre un grand cavalier et amateur de chevaux. Redford a donc produit et dirigé ce film et en est aussi la vedette principale. En coulisse c’est Buck Brannaman - un entraîneur de chevaux de réputation mondiale - qui était "l’homme de cheval " principal. Il devait faire en sorte à ce que les scènes avec les chevaux soient les plus réalistes possible.

Les vraies stars du film sont sans aucun doute les chevaux. Le rôle de " Pilgrim " - le cheval autour duquel le film a été construit - a été joué par quatre Quarter Horses différents. Au total il y a eu 35 chevaux actifs sur le plateau. Pour une des scènes clés du film - un accident de trafic ou deux chevaux et leurs amazones étaient écrasés par un camion - on a construit des dummies (répliques) des chevaux (comme ceux de Jurassic Parc).

Il y a beaucoup d’effets spéciaux dans le film, mais tous ont été réalisés sans le moindre risque pour les chevaux. Pour les scènes - très réalistes - des plaies et cicatrices de Pilgrim, les meilleurs spécialistes de make-up ont été assistés par une équipe de vétérinaires. Aucun frais ni aucune peine n’ont été épargnés pour faire de ce Disney-film un succès garanti.

" L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux " vise un double public. D’une part l’histoire d’amour qui se déroule dans les paysages grandioses du Montana et qui va certainement attirer un nombreux public et d’autre part on espère amener les amateurs de chevaux dans les salles de cinéma avec la promesse que ce film va changer la vie de chacun. L’ambition de Robert Redford était de soigner à ce que ce film entrerait dans l’histoire du cinéma en tant que film de chevaux qui influencerait chacun dans sa relation envers eux. Inutile de dire que les espoirs pour cette production de nonante millions de dollars sont énormes…

texte de Kim Moeyerson secrétaire de la VVR
 

The horse whisperer - Le film

par Alain Willemart

Les “murmureurs” sont ces hommes de cheval capables d’apaiser les chevaux fous, soi-disant en leur chuchotant à l’oreille des paroles rassurantes...  En réalité, ce sont des dresseurs appartenant à l’école des “nouveaux maîtres” : Pat Parelli et autres Monty Roberts qui ont recours à l’éthologie (étude des moeurs animales) pour diagnostiquer le problème du cheval rétif et agir en fonction de ce que “dit” l’animal, à travers son langage corporel.  Notez que la même thérapie existe pour les humains : sophrologie et kinésiologie ne sont rien d’autre que le décodage des messages émis par le corps, ou plutôt à travers le corps, par la personne, à l’insu de celle-ci.  Robert Redford s’est attaqué à un sujet délicat, d’autant plus que le grand blond (avec une santiag) de ces dames était à la fois devant et derrière la caméra.  Le résultat est vraiment surprenant.

Grace Mac Lean (Scarlett Johansson), une adolescente new yorkaise de 14 ans, est victime d’un dramatique accident de cheval dans lequel elle perd sa meilleure amie ainsi que sa propre jambe.  Son cheval, blessé, survit à ses blessures, mais il s’est mué en brute sauvage que personne n’approche plus désormais.  De retour chez elle, Grace n’a plus goût à rien.  Elle refuse de lutter pour vaincre son infirmité.  Désemparée, sa mère (Kristin Scott Thomas), réalise qu’elle est en train de perdre sa fille unique et n’entrevoit qu’une seule issue pour la sortir de son repli sur elle-même : l’impliquer dans la guérison psychologique de son cheval.  Pour cela, elle plante à New York son avocat de mari ainsi que son job de rédac’ chef d’un magazine à la mode ; emprunte un van et part avec sa fille dans le Montana pour y trouver Tom Booker (Robert Redford), éleveur et “murmureur” de son état.

Le cheval fou a, semble-t-il, bien résisté aux 3.000 km de route, sans sortir une seule fois de son van, ventilé comme une bétaillère sur les cols enneigés du Dakota du Sud, sans couverture, sans nourriture, sans eau (?!)...  Bon c’est le seul point noir du film, passons l’éponge.

A l’arrivée : choc des cultures, choc des civilisations, choc des paysages, choc des mentalités...  Deux new-yorkaises débarquant dans les pâturages désolés et montagneux des éleveurs de bétail, cela donne toujours un contraste saisissant.  Redford réinvente avec finesse les habituels clichés du far west, avec ses vaches, ses barbelés, ses ranches perdus, ses torrents gonflés par les crues, et, bien entendu, ses cow-boys contemporains.  Quoique...  pas si modernes que ça, les gardiens de troupeaux : ils se déplacent encore à cheval !  Ouf, donc.  Le Montana est sans doute trop sauvage et trop accidenté pour être sillonné uniquement en Jeep.  Et c’est là toute la force du film : allier harmonieusement à l’opportunité du présent le mode de vie passé - et archi-connu - des cow-boys.  On redécouvre le mythe western sous un jour nouveau, dans un environnement superbe, et, somme toute, assez inhabituel pour ce genre de scènes : nous sommes loin des plaines infinies et éternellement ensoleillées du Texas, loin des déserts du Nevada  et des défilés du Colorado.  Moins loin déjà de la forêt des trappeurs ou des pics enneigés des Rocheuses truffées de mines d’or désertées...  Et pourtant, ce n’est pas encore ça : ici, le décor est grandiose mais il a quelque chose d’intime, une sorte de beauté intérieure : l’air est frais, la lumière sibylline, le pays encaissé, l’herbe haute, les vallées sont étroites et vertes, les arbres clairsemés et les gens paisibles (si, si : des cow-boys sans Colt et sans Winchester !).

La guérison très lente de “Pilgrim”, le cheval de Grace, oblige les deux citadines à prolonger leur séjour.  Et ce sont des saisons entières qui se déroulent sous leurs yeux (et les nôtres) : c’est le temps nécessaire à Grace pour opérer sa lente métamorphose intérieure.  Sa mère subira une métamorphose d’un autre ordre : on ne voisine pas impunément le grand Redford, dont le registre oscille toujours entre jeune premier et vieux beau.

La prestation de Kristin Scott Thomas est assez inattendue dans ce rôle de mère tendre.  Redford s’est taillé un rôle sur mesure.  Finalement, c’est la jeune Scarlett Johansson qui se démarque le plus.  Le scénario offre une jolie histoire d’amour et une leçon de vie dont le cheval n’est, il faut l’admettre, que le prétexte.

Les amateurs purs et durs de dressage et de nouveaux maîtres auront donc le droit de se plaindre.  Fidèle à son habitude, Redford a manifestement cherché à réaliser un film à thème précis mais ouvert à tous, c’est-à-dire relativement ciblé sans négliger pour autant l’impératif commercial obligeant à ratisser large.  Cela dit, 2h40’ (c’est la durée du film) d’images sur le travail du dresseur dans un rond de longe, auraient probablement assoupi les plus mordus d’entre nous... Non ?  L’approche “murmure” est pourtant très correctement rendue.  Il faut admettre que Redford s’y entend plutôt bien : les transitions entre défense et soumission du cheval sont particulièrement réalistes et surtout, éclairent le novice (que je suis) sur le temps, le calme et la patience indispensables à ce genre de travail.

Le film heurtera inévitablement les inconditionnels du roman de Nicholas Evans (comme tous les films tirés de romans), mais il présente par rapport à ce dernier une caractéristique supplémentaire indéniable : cette production présente un réel danger à être regardée, car au sortir de la salle obscure, on risque véritablement de tout plaquer ici, d’embarquer avec son cheval pour le Montana et d’y finir ses jours en beauté !  Vous avez dit “rêve américain” ?  Je pars demain !

texte extrait du n° 267 de la revue HippoNews
 

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